THAUMATURGE
Appolionius de Tyanes is a Thaumaturge – a mage of magic.
Du personnage historique, un magicien ou thaumaturge de la fin du Ier siècle, on sait finalement peu de chose. Mais le personnage mythique joua un très grand rôle dans la lutte antichrétienne à la fin de l'Antiquité.
Lorsque l'écrivain Philostrate, à la demande de l'impératrice Julia Domna, écrivit, au début du IIIe siècle, sa Vie d'Apollonius de Tyane, il ne se doutait peut-être pas du succès qu'obtiendrait son héros ni de la signification qu'il allait revêtir. Il voulait seulement décrire sous les traits d'Apollonius le sage idéal, l'homme divin, le nouveau Pythagore, pratiquant l'abstinence, le célibat et le silence, enseignant qu'on n'honore pas le Dieu suprême par des sacrifices sanglants, mais par la pureté du cœur. Il voulait aussi réagir contre la réputation de magicien faite à ce grand homme : ses dons merveilleux (compréhension du langage des oiseaux, connaissance de toutes les langues de l'univers, pénétration du secret des cœurs, prophéties, guérisons) n'étaient, à ses yeux, que le fruit de la sagesse transcendante qui le rendait en quelque sorte omniscient.
Mais grâce au roman historico-philosophique de Philostrate, le paganisme finissant allait trouver en Apollonius une figure de saint et de thaumaturge à opposer à la figure du Christ. Hiéroclès, puis Porphyre, polémistes antichrétiens du IVe siècle, le firent abondamment. Eunape de Sardes, écrivain de la même époque, aurait voulu que Philostrate intitulât son ouvrage Voyage d'un dieu parmi les hommes. Les fameux contorniates, monnaies émises à Rome de 358 à 472 dans une intention de propagande antichrétienne, présentent souvent, à côté des effigies d'autres grands hommes, notamment Pythagore, celle d'Apollonius. Et, dans la même intention, l'aristocrate romain Virius Nicomachus Flavianus traduit en latin le roman de Philostrate. La superstition populaire utilisera longtemps, même dans la Byzance chrétienne, des talismans protecteurs attribués à Apollonius.