Interprétations de rêves

En Égypte antique, selon un livre de sagesse, les dieux auraient créé les songes pour délivrer des messages aux humains. En Chine, les Mémoires du Coffret de Jade sont une compilation de rêves prémonitoires.

  • le rêve est un phénomène qui a toujours plus ou moins fasciné l'humanité.

De par son caractère imprévisible et incontrôlable Les recherches médicales sur le rêve et le sommeil en général étant loin d'être exhaustives (on sait simplement que le rêve joue un rôle dans l'organisation et la mémorisation des informations assimilées dans la journée précédente), de nombreux arts divinatoires, religieux ou non, et même quelques pseudo-sciences ont cherché à décrypter les rêves, parfois qualifiés de « prémonitoires », à leur manière.

« Les songes s'échappent par deux portes, l'une de corne, l'autre d'ivoire. Ceux qui voltigent au travers des lames délicates de l'ivoire sont trompeurs et ne font entendre que de vains discours; ceux qui sortent par la corne polie annoncent la vérité. » 

La croyance à la valeur divinatoire des songes est une des superstitions essentielles de l'humanité. Tous les peuples l'ont; elle conserve encore de nos jours dans les pays de civilisation européenne un grand ascendant. L'impuissance de la volonté en face des images bizarres et incohérentes produites par le rêve semble un sûr garant d'une origine extérieure de ces images qui sont en contradiction avec la réalité. L'explication la plus plausible était de rattacher les rêves à ce monde surnaturel auquel on demande la réponse à toutes les questions insolubles ; ce sont d'ailleurs les rêves qui ont fourni au surnaturel et à la religion leur premier apport et leurs conceptions fondamentales. Lorsque la religion s'étant développée on reprit le problème, la solution adoptée fut presque partout la même : les songes que la divinité envoie à l'humain révèlent à celui-ci les intentions divines; ce sont des communications faites en langage symbolique dont il s'agit de préciser le sens. L'oniromancie donne les règles. Elle comprend deux parties : l'oniroscopie ou observation des rêves, l'onirocritique ou interprétation de ces rêves. 

Sur la nature des songes, les idées de Hellènes ont varié. Homère les regarde comme des fantômes aériens à qui Zeus donne toutes sortes d'apparences; ils habitent au delà de l'Océan à la porte des Champs Elysées où on va les chercher; ou bien ils sont fabriqués de toutes pièces chaque fois qu'un dieu en a besoin. Il arrive encore qu'un dieu apparaisse directement en songe à un mortel qu'il veut conseiller telle Athéna à Nausicaa et à Télémaque; de même l'ombre d'un mort, celle de Patrocle à Achille. Plus tard, lorsque le sculpteur Onatas fit sa statue de Déméter pour la cité de Phigalie, la déesse lui apparut en songe et lui donna son modèle; Héraclès eut la même complaisance envers Parrhasius. Hésiode donna la généalogie des songes qui sont fils de la Nuit. On les rattache en général à Gê, la déesse de la terre, les sombres divinités chtoniennes étant opposées aux célestes Olympiens. L'oniromancie est placée sous le patronage de Gê, et l'on signale l'hostilité d'Apollon contre cette méthode. Les pythagoriens font des songes les messagers de la Lune. Quoi qu'il en soit, ils sont des instruments aux mains de tous les dieux et particulièrement du plus grand, de Zeus. Leur direction est confiée à Hermès. Ce sont des demi-dieux comme Pan, Héraclès, Asclépios, Ino, sous l'invocation desquels sont institués des oracles oniromantiques.

Les progrès de l'observation scientifique firent bientôt voir aux Hellènes combien les songes sont dépendants de la physiologie, subordonnés dans leur apparition et leur forme à la condition du corps. Ceci pouvait faire éliminer entièrement le surnaturel; on n'alla pas jusqu'à cette conséquence extrême, mais on prit un moyen terme : on admit que les impressions venant du corps pouvaient altérer ou défigurer les songes; on accorda la préférence aux songes du matin; on tint pour suspects ceux qui suivaient des repas trop copieux; les pythagoriciens, qui accordaient une grande valeur aux rêves, disaient que la fève en donnait de faux. Il fut recommandé de ne pas se coucher sur le dos ni sur le côté droit, parce qu'on comprimait le foie qui était le miroir des songes vrais. On tint compte de l'influence des saisons; le printemps fut la bonne, et l'automne la mauvaise; Démocrite l'expliqua en disant que les images sont déformées en automne par les perturbations atmosphériques. Lorsqu'on eut constaté tant de causes d'amélioration ou de détérioration des songes, on en vint, tout naturellement à recommander des recettes pour se prourer des songes favorables; on se mettait une branche de laurier près de la tête; on employait des amulettes, des prières avec formules spéciales; la magie multiplia les recettes, phrases et dessins mystiques. On fit tant qu'à l'observation des songes on substitue une véritable expérimentation en se les procurant à volonté. On en vient à l'incubation. Le consultant se prépare au songe, il pose au dieu une question précise; il peut même indiquer d'avance les signes par lesquels celui-ci répondra. Pour se donner toutes garanties, on pratique l'incubation dans le temple même du dieu; on a ainsi un véritable oracle oniromantique. Les Mésopotamiens et les Egyptiens en possédaient qui accroissaient la vogue du culte. Les Grecs le leur empruntèrent et les oracles héroïques ont fait grand usage de l'oniromancie. Celle-ci touche à la nécromancie, car au lieu d'un songe ou d'un dieu on peut évoquer l'ombre d'un mort.

Dans quelques cas d'incubation on pose une question si bien définie que la réponse donnée par le songe est claire et s'interprète d'elle-même. Mais ce sont là des exceptions. Le plus souvent le songe ne fournit que des signes qu'il s'agit de traduire: c'est un travail très difficile, et la divination ne s'est pas posé de problème plus obscur, bien qu'elle en ait abordé de bien plus formidables (dans la divination sidérale). Le songe peut reproduire tous les signes auxquels s'appliquent les autres méthodes divinatoires. Il peut montrer des oiseaux fatidiques, ou toute autre espèce d'animaux, des symptômes ou des coïncidences de bon ou de mauvais augure, des entrailles de victimes, des sorts cléromantiques, des ombres qui parlent et dont on peut prendre les paroles au sens propre ou figuratif; ajoutez que les prodiges rares dans la réalité sont continuels dans le rêve. L'onirocritique exige donc une grande subtilité d'esprit. Tout d'abord il faut distinguer le songe mythique du songe symbolique. Dans le premier, le dieu ou son messager exprime clairement son désir en langage ordinaire; il n'y a donc pas lieu à un effort d'interprétation; tels sont les deux songes de l'Iliade. Seul le songe symbolique prête au travail de l'onirocritique. Il va de soi que c'est de beaucoup le plus fréquent. Il apparaît déjà dans l'Odyssée, et dès l'Iliade il est fait mention des devins oniropoles, c.-à-d. interprètes des songes, les deux fils d'Eurydamas. Homère ne considère pas tous les songes comme véridiques; le dieu peut vouloir tromper un mortel; l'allégorie employée par le vieil aède est célèbre : 

« Les songes s'échappent par deux portes, l'une de corne, l'autre d'ivoire. Ceux qui voltigent au travers des lames délicates de l'ivoire sont trompeurs et ne font entendre que de vains discours; ceux qui sortent par la corne polie annoncent la vérité. »

La postérité ne s'en tint pas à cette théorie naïve; elle eut la prétention de faire le départ entre les songes et de leur appliquer une méthode de critique.

L'onirocritique se constitua par le seul effort de ses adeptes; ils durent probablement beaucoup à l'Egypte et à l'Asie; ils restèrent. en dehors de la divination officielle; les philosophes qui tenaient grand compte des songes et respectaient fort l'oniromancie n'entrèrent pas dans le détail. Les véritables exégètes furent les devins populaires; ils fonctionnent à leurs risques et périls, tolérés, mais non protégés par les corps religieux. Au-dessus de la foule des charlatans de carrefour, s'élèvent par des succès retentissants quelques hommes qui formulent les règles de l'onirocritique, rédigent des manuels, dressent des tableaux dont se serviront les autres; ils arrêtent les classifications. Deux des plus renommés furent Antiphon qui vivait à Athènes à la fin du Ve siècle et Hiérophile, médecin contemporain de Ptolémée Soter. Celui-ci fit trois catégories; les songes envoyés par les dieux; ceux qui naissent dans l'âme même et auxquels Aristote même accorde encore une valeur prophétique; les songes mixtes qu'une préoccupation de l'âme appelle du dehors, par exemple les rêves érotiques. Artémidore de Daldia s'est inspiré de cette classification dans son grand ouvrage d'onirocritique. Cet ouvrage est parvenu jusqu'à nous. Il est divisé en cinq livres et résume toutes les pratiques de l'Antiquité à la collection desquelles Artémidore a consacré de longues recherches et des voyages à travers l'Asie, la Grèce, l'Italie. La méthode n'est pas logique : fondée sur le rapport entre le signe et la chose signifiée, elle est purement empirique; les explications rationnelles que le devin doit fournir doivent être imaginées après coup; ce n'est pas la logique, c'est l'expérience traditionnelle qui doit donner la solution : 

« Nous savons qu'il y a une raison aux choses parce qu'elles se passent partout de la même manière; mais les motifs pour lesquels elle se passent ainsi, nous ne pouvons les découvrir. Aussi croyons-nous que l'événement doit être trouvé par l'expérience et les raisons tirées de notre propre fonds, selon notre capacité. »

Le premier travail est de séparer le rêve ordinaire (enupnion) qui n'a pas de sens symbolique de celui (oneiros) qui en a une. Hippocrate a fourni les éléments de cette distinction, et nul ne conteste plus qu'un grand nombre de rêves ne s'expliquent très simplement sans recourir au surnaturel. On voit que depuis Homère on a fait un progrès. Artémidore n'accepte pas la différence indiquée par de grands onirocritiques (Artémon de Milet, Phebus d'Antioche) entre le rêve et l'hallucination (phantasma), dont le cauchemar (ephialtês) était un cas. Ajoutez que, s'il est d'avis de séparer le rêve divinatoire de l'autre, il est fort embarrassé lorsqu'il s'agit de donner une règle qui permette de les discerner. La nature même de la difficulté fait prévoir qu'elle est insoluble. Artémidore est d'accord avec les maîtres de l'onirocritique pour réprouver les pratiques magiques; il n'admet pas non plus l'incubation; tous ces procédés pour provoquer le songe ou violenter la volonté divine compliquent l'interprétation. A peine est-il permis de demander un songe aux dieux par une prière et une promesse de sacrifice. On a donc deux catégories de songes, les songes spontanés et inattendus (theokemptoi) et les songes demandés (aitêtikoi). Il est admis que, même dans les premiers, la divinité ne donne que la pensée prophétique; les symboles sont fournis par l'âme du dormeur. A un autre point de vue les songes se divisent en deux groupes : les songes théorématiques (theôrêmtika) et les songes allégoriques (allêgorika); les premiers représentent l'action présagée; les seconds en donnent des symboles allégoriques qu'il faut interpréter. Les songes théorématiques sont tantôt des représentations visibles (orama), tantôt des prophéties parlées (chrêmatismos), ces dernières étant plus souvent allégoriques. Les songes allégoriques se réalisent beaucoup plus tard que les précédents pour lesquels l'effet suit de près l'annonce envoyée parles dieux

  • L'œil de Sigmund Freud

La méthode de Freud s’inscrit dans cette double dimension, musicale et scientifique. Il s’agit d’abord de donner un sens à tel rêve, en l’interprétant comme le piano de Glenn Gould interprète telle pièce de Bach. S’agit-il aussi d’expliquer les déterminants du rêve en général ? Cette démarche au-delà de l’interprétation ne sera envisagée que dans le dernier chapitre, le fameux chapitre VII de Die Traum- deutung.

Rappelons que ce titre, dans sa première traduction française, était devenu La science des rêves. Il est clair pourtant que le verbe deuten, le substantif Deutung signifient exactement interpréter, interprétation. Néanmoins, le traducteur a jugé utile d’invoquer plutôt la science afin de rassurer les chercheurs férus de rigueur et d’objectivité.

Dans la logique hypothético-déductive qui gouverne les disciplines scientifiques, déduire passe pour l’opération intellectuelle de base, irréprochable du point de vue rationnel. Interpréter procède au contraire d’une démarche inductive. Ce maillon faible dans la chaîne des raisonnements introduit le risque de voir l’objectivité partir à la dérive.

La pratique du médecin, et bien sûr celle de Freud, est toujours en train de naviguer entre déduction et interprétation. Il y a des cas où le diagnostic s’impose comme une déduction ; mais dans d’autres circonstances, c’est un exercice d’interprétation. Par ses travaux de laboratoire, Freud avait le profil professionnel du savant positif ; derrière son microscope, il procédait par observation et déduction. Sa pratique était différente dans son cabinet de consultations. Il écoutait, il examinait le malade, et à partir de là, il devinait, il interprétait. Interpréter un symptôme est une façon de déployer les résonances de ce symptôme, comme on le ferait pour un morceau de musique.

Nous verrons comment Freud est passé de l’interprétation des symptômes à l’interprétation des rêves. Mais avant d’analyser cette transition, mesurons l’audace de Freud.

À Vienne comme ailleurs, les hommes de science considéraient la matière onirique comme un déchet insignifiant de l’activité cérébrale. Un déchet n’est pas digne d’interprétation, il n’est pas interprétable. Freud était bien conscient des réticences de ses confrères, il savait que son livre prenait à contre-pied les opinions dominantes. Il le dit très nettement : « Mit der Voraussetzung, da? Träume deutbar sind (en prenant comme point de départ que les rêves sont interprétables), trete ich sofort in Widerspruch zu der herrschenden Traumlehre » (me voilà immédiatement en opposition avec la majorité des enseignement sur le rêve).

Pourtant, les sciences divinatoires et leurs méthodes d’interprétation avaient pignon sur rue. Il y avait la nécromancie, l’art de savoir lire dans les cadavres. Il y a encore aujourd’hui la chiromancie, qui sait lire l’avenir dans les lignes de la main. Il y a la cartomancie, qui sait voir dans la distribution des cartes les dernières nouvelles de demain. Et il y a l’oniromancie, qui sait interpréter les rêves.

Tout cela nous conduit directement à Freud et son audacieuse méthode, entre nécromancie et oniromancie, car c’est en étudiant les cadavres et en apprenant à les interpréter qu’il s’est donné les moyens d’interpréter les rêves.

Aujourd’hui, nous avons parfois une idée de la description qui est minimaliste et péjorative. Comme si décrire était une tâche de petite envergure, la fonction d’un journaliste reporter ou d’un touriste rentrant de vacances. La description au sens de Charcot est tout autre chose. Décrire, c’est mettre en mots les données perceptives, c’est distinguer les détails significatifs, ne pas tout mettre sur le même plan, faire apparaître quelques petites nuances qui auront valeur de critères. En un mot, décrire, c’est examiner, analyser, découper, peser. Mais sans prétendre à une explication causale.


Ceux qui se disent cliniciens sont, on le sait, diversement doués pour la description. Il y a ceux qui se contentent d’une brève vignette, et le lecteur ne peut pas en tirer grand-chose. Il y a ceux qui sont si bavards qu’ils versent dans le superflu et dans le mélange de tout avec n’importe quoi. Et il y a ceux qui, par une série de mots appropriés, dégagent quelques aspects peu évidents et parviennent ainsi à révéler ce que nous avions sous les yeux sans parvenir à le voir. C’était la manière de Charcot, et c’est aussi la manière de Freud : décrire, analyser, sans chercher à expliquer.


Les auteurs de la seconde moitié du xixe siècle se posaient beaucoup de questions sur le rêve, en particulier sur l’état psychologique qui donne naissance aux rêves. La tâche était quasi impossible : le rêveur est peu coopérant puisqu’il dort, et si on le réveille, il n’est plus dans cet état de rêve. Freud va rompre avec ces raisonnements nébuleux. Il décide d’étudier non pas l’état de rêve, mais le récit de rêve, le récit que fait le rêveur réveillé. Voilà enfin un objet d’étude concret, bien délimité, accessible à l’ambition descriptive.

En quoi peut consister la description d’un rêve ? Il faut ici distinguer de façon rigoureuse la méthode du rêveur et celle de l’analyste. Le premier ne décrit pas son rêve, il le raconte. C’est l’analyste qui aura la charge de décrire, mais ce n’est pas le rêve en général qui sera la cible de la description. Il s’agira pour lui de décrire ce rêve-là, ce récit de rêve que vient d’apporter le rêveur.

L’analyste recueille ce texte, il en prend note. Il repère, par exemple dans le mot à mot du récit, certaines répétitions, certaines hésitations, certaines expressions à double sens. Au-delà de ces éléments formels, le texte énoncé par le rêveur est examiné dans son contenu figuratif.


Freud souligne ainsi que les images du rêve sont plus ou moins vives et que l’intensité de l’image révèle une condensation d’éléments représentés ; plus les éléments représentés sont nombreux, plus la vivacité de l’image est grande.

Une attention particulière s’applique à discerner les indices d’une déformation du matériel onirique. Il s’agit de décrire ces différents indices. Décrire les condensations par superposition et amalgame d’éléments hétérogènes. Décrire le déplacement des chaînons associatifs. Décrire les procédés qui mettent en images un message verbal, et en particulier par quelle sorte d’images certaines modalités logiques comme la négation ou la contradiction trouvent un aspect figuratif. Décrire aussi de quelle manière le rêveur s’applique à rendre raisonnable une succession absurde d’images.

On reconnaît, dans cette énumération, les quatre facteurs qui sont apparents dans un récit de rêve : la condensation, le déplacement, la figuration et l’élaboration secondaire. Ces quatre facteurs ne sont pas des hypothèses de Freud. Il les a vus à l’œuvre, il les a observés, il les a décrits. Cette description n’est pas une affirmation de probabilités, elle cerne un matériel positif, elle en dégage ce qui peut être perçu. Une jolie formule de Freud réunit cet ensemble d’indices et de traces : le rêve est un rébus.

Or décrire un rébus, le décrire au plus juste, c’est exactement en faire la lecture. Et par conséquent l’interpréter. Quant à expliquer le rébus en général, chercher ses origines et ses causes, ce serait une tout autre affaire.

La nécromancie était pour ainsi dire devenue une discipline scientifique. Au moment de l’autopsie, l’anatomiste savait faire parler le cadavre, lire, décrire et interpréter la lésion qui avait entraîné la mort, ce qui lui permettait de répondre aux incertitudes du clinicien et de le préparer à mieux prendre en charge d’autres malades similaires. Mais à partir des années 1870-1880, on a buté sur certains cas où le code anatomo-clinique était pris en défaut. Dans certaines.

aphasies, dans certaines paralysies 

Ainsi dans l’affaire du tabès spasmodique. La correspondance présumée entre tel symptôme et telle lésion avait été démentie. Un même symptôme allait de pair avec des lésions variées, et, inversement, une même lésion se manifestait par des troubles divers.

L’abandon de la logique binaire des nécromancies préfigure le renoncement de Freud à la clé des songes. En effet, dans Die Traumdeutung, chaque élément du contenu manifeste, Trauminhalt, est déterminé par divers aspects du contenu latent, Traum- gedanken ; de même chacune des pensées latentes est représentée par plusieurs détails du récit de rêve.

Freud compare cette surdétermination aux rapports entre les entrepreneurs et les financeurs. Les pensées de la journée jouent le rôle de l’entrepreneur dans l’édification d’un rêve, avec les capitaux apportés par le désir inconscient. Il arrive qu’un entrepreneur travaille avec les fonds de plusieurs financeurs. Il arrive aussi qu’un seul capitaliste se charge de financer plusieurs entrepreneurs.